Visite de Monsieur le Recteur au Collège
En accord avec les journalistes Adeline Collet du Courrier Picard et Lison Bourgeois de France Bleu, extraits des articles parus jeudi 19 et samedi 21 septembre 2024 :
Picardie : le recteur en visite à Albert pour observer les groupes de besoins au collège
Pierre Moya, recteur de l’académie d’Amiens, s’est rendu, jeudi 19 septembre au collège Pierre-et-Marie Curie à Albert pour observer la mise en place des groupes de besoins depuis la rentrée en 6e et 5e. Après un gros travail en amont pour former les groupes en 5e, les enseignants concernés sont, pour le moment, plutôt satisfaits.
C’est LA grande nouveauté de la rentrée 2024 dans les collèges de France : la création de groupes de besoins en français et en mathématiques dans les classes de 6e et 5e. Pour observer leur mise en place, le recteur de l’académie d’Amiens, Pierre Moya, s’est rendu, jeudi 19 septembre, au collège Pierre et Marie Curie d’Albert.
Avant d’aller visiter deux groupes d’élèves et leurs enseignantes, Aurélien Odiot, principal du collège, a expliqué le travail effectué pour composer les groupes. « Cela a été un vrai travail d’orfèvrerie. On a eu sept ou huit propositions de répartition avant de définir les groupes ». Pour bâtir les groupes en 5e, différents des classes, l’équipe pédagogique a pu s’appuyer sur les deux années du dispositif tremplin qui permettait aux élèves en difficulté d’avoir des heures de soutien en maths et en français. En revanche, les groupes n’ont pas encore été établis pour les élèves de 6e. Les enseignants ont préféré attendre les retours des évaluations et la rentrée de la Toussaint.
« Plus souple qu’une classe de 30 élèves »
L’heure est à la visite des groupes de français. Dans la première, quinze élèves suivent le cours de Céline Tauzelly, professeure de lettres modernes. Les collégiens étudient l’imparfait et expliquent au recteur que travailler en petit groupe, « c’est mieux ».
Dans le cours de Florence Pézeril, ce sont 21 élèves qui planchent sur les héros. L’enseignante voit du positif dans ces petits groupes. « C’est plus souple qu’une classe de 28 ou 30 élèves. On peut accéder aux besoins des élèves. » La professeure de français travaille en îlots, ce qui lui permet d’organiser son groupe de façon plus hétérogène. « J’essaie de mixer les besoins. Ce sont des élèves que je connais donc j’essaie de mettre des bons élèves avec des moins bons pour avoir différentes compétences. »
Lilyrose, Léa, Mélynda et Zoé apprécient de se retrouver en français alors qu’elles sont dans des classes différentes : « Nous avons à peu près le même niveau donc on peut bien travailler ensemble. C’est plus facile. »
Du positif et des bémols
Si le but de ces groupes de besoins est de permettre à tous les élèves de maîtriser le socle commun de connaissances, les enseignants voient aussi des limites. À la demande du ministère de faire bouger les groupes régulièrement, les professeurs émettent des réserves. « Les élèves sont attachés à leurs professeurs, leur classe, leurs copains, leurs repères, surtout les 6e. Les faire changer au cours de l’année, c’est risquer de les perturber. »
« C’est plus facile pour la professeure de répondre à nos questions »
« Comme il y a moins de monde, c’est plus facile pour la professeure de répondre à nos questions », explique Hugo, 11 ans. Il suit le cours de français de Florence Pezeril. Pour l’enseignante de Lettres modernes, « le but de ces pratiques, c’est de mener à bien les élèves sur des acquisitions de compétences identiques ». Elle n’exclut pas la possibilité d’aller moins vite avec certains groupes, ou d’utiliser des textes plus courts pour les élèves en difficulté.
Certains enseignants restent frileux
Céline Tauzelly, également enseignante de Lettres Modernes au collège Pierre et Marie Curie d’Albert, attend de voir les conséquences de ses groupes de besoins pour juger de leur efficacité ; « Il y a des points positifs et des points négatifs« . Puis elle explique : « Il y a beaucoup de choses qui peuvent être regrettables, comme le fait qu’ils ne se sentent pas forcément à l’aise s’ils sont dans un groupe plus faible. Cela peut être un peu mal ressenti par les élèves. «
« Liberté d’organisation »
Le recteur, lui, voit en ce dispositif une « grande liberté laissée aux établissements qui étaient libres de s’organiser comme ils le voulaient ». Depuis la rentrée, Pierre Moya indique avoir observé « des élèves satisfaits d’être dans des groupes de besoin et des professeurs pour qui il est plus facile de répondre aux besoins des élèves ». Un bilan devrait être tiré au cours de l’année afin d’étendre, oui ou non, cette mesure aux élèves de 4e et 3e.